Cette correspondance est explorée en attribuant aux trois couleurs primaires un rôle qui leur est propre. Coulures, giclures, aplats, empâtements, transparences font que cette introspection chromatique nous projette devant une collection d’autoportraits, de paysages intérieurs matiéristes : il s’agit en effet de mêler aux nuances colorées des matières et des textures afin de rendre visible ce qui ce passe au dedans.
Il me semble que dans notre enveloppe charnelle, plusieurs corps se déploient, s’articulent, se disputent et se complètent. Je cherche donc une analogie entre la couleur et mon corps.
Je travaille par couches successives, des matières se superposent, se marient, s’aiment, se détestent, se recouvrent, se déchirent…
Je prône la spontanéité du geste, le hasard, l’importance de la matière, le corps à corps avec les matériaux et la couleur, une sorte de primitivisme sauvage.
Le point de départ est la surface à animer et la première tache de couleur ou d’encre qu’on y jette : l’effet qui en résulte, l’aventure qui en résulte. C’est cette tache, à mesure qu’on l’enrichit et qu’on l’oriente, qui doit conduire le travail.
Ma pratique s’apparente à un processus alchimique, une forme de transmutation : une trilogie s’opère entre corps et couleurs fondamentales, le lien entre corps et esprit.