Battant, un printemps 2015 du 4 au 24 décembre 2015
Le 52, 52 rue Battant, Besançon.
Du mardi au samedi de 11h à 18h
Dimanche de 12h à 18h30
Lundi 21 décembre : 11h à 18h
17h à 20h visite de l’exposition au 52
19h à 22h “ the party” aux Ateliers Zone Art, 37 rue Battant, Besançon
JC Polien – Carnet de route n° 7 > Un printemps 2015
La Ville de Besançon, consciente de ce travail d’importance et de ce projet culturel porteur pour tout un quartier, apporte dès le départ son soutien à JC Polien et aux Ateliers Zone Art.
Le projet est soutenu par la ville de Besançon, l’Union des commerçants, l’association de commerçants et habitants de Battant Jacquemart, l’Université de Franche-Comté et les Ateliers Zone Art.
les étudiants LP METI (Métiers de l’exposition et technologie de l’information) Université de Franche-Comté, les jeunes et les éducateurs du service de Prévention Spécialisées de Battant et les bénévoles du collectif Zone Art ont apporté leur aide pour organiser l’exposition
Pas moins de vingt toiles d’un 1×1 mètre nous sont livrées par celui qui fut aussi durant quelques années, un habitant de la ville franc-comtoise.
Pas moins de cent-quatre-vingts visuels réhabilitent à leur manière ce quartier populaire et animé, aux coteaux autrefois parsemés de vignes, à travers les portraits de ses « Bousbots » – gentilé donné aux habitants – la plupart créateurs, artisans, commerçants, ou riverains.
En résidence à Besançon au mois de mai 2015, sur l’invitation de l’association ZONE ART, JC POLIEN a mené une centaine de séances photographiques dans le périmètre précis des plans cadastraux de Battant, et dans la perspective de son projet artistique d’envergure que le photographe a nommé «Carnet de route».
L’idée de ces « Carnets » émerge au printemps 2012 avec «l’envie, dit-il, de photographier ses parents, ses proches, ses ami(e)s, tout en essayant de garder une rigueur et une distance avec eux qu’il a toujours établies dans les commandes de portraits destinées principalement à la presse». Les premières images de cette époque sont réalisées au moyen format, en argentique :
Quelques semaines plus tard, il quitte Paris, bien résolu de « faire la route » au volant d’une vieille Volkswagen, afin de photographier les gens au gré de ses pérégrinations. En raison d’un aspect pratique, il délaisse alors l’argentique pour
passer au tout numérique.
Ses « Carnets de route », accordés au rythme des saisons, germent alors dans une discipline propre au photographe, tel un système auquel depuis il ne déroge pas : garder toujours une même contrainte technique pour toute prise de vue, à savoir travailler sans source d’éclairage autre que la lumière existante, appareil sur pied, vitesse très lente – 1/4 de seconde en général – et rester moins de trente minutes chez la personne.
Ajoutées aux portraits se sont construites ainsi des séries d’images ayant pour
thématique soit une profession, soit un lieu géographique (des ouvriers sur un site classé Seveso dans les Pyrénées, des retraités de la SNCF dans la Somme, un conservateur et le personnel d’une médiathèque dans les Landes, ou encore d’anciens salariés de l’usine textile Carmichael dans la Somme).
Aussi les prises de vues du quartier Battant pour le « Carnet de route N°7 » s’appuient-elles sur ce principe esthétique dans lequel, également, l’ambiance d’un atelier, d’une boutique, d’un commerce, d’un lieu de vie, ou du quartier côtoient les portraits réalisés à l’intérieur de ces différents espaces.
Ses débuts ont pour cadre Besançon et la mode mais Paris sera, durant ces vingt-cinq dernières années, le terreau fertile de son activité où l’engagent de multiples collaborations pour la presse nationale et internationale – M le Monde, Le Monde, Télérama, Rock & Folk, Rolling Stone, Libération, L’Express, The Times, Marie Claire, Elle… –, essentiellement dans le domaine musical – Beck, Oasis, AC/DC, Coldplay, Elliott Smith, Joe Strummer, The White Stripes, Cesaria Evora, Foo Fighters, Noir Désir, M, Les Rita Mitsouko, Carla Bruni, Benjamin Biolay, Arthur H, Zazie…
Depuis 2012, environnement et portrait (30×30) s’insèrent tel un jeu de miroir dans un diptyque, support délibéré et peu commun aux dimensions immuables (30×60). Comme une allégorie, se joue là pour JC POLIEN une façon plus symbiotique de représenter l’humanité dans son environnement.
Ce panachage éclectique confine presque au naturalisme. Ne sommes-nous pas curieux, après tout, d’observer notre propre espèce, l’espèce humaine exceptionnelle dans sa diversité, dans ce qu’elle révèle en apparence et dans ce qu’elle recèle en mystère dont elle tient une grande part ? Le photographe nous sollicite en ces termes et nous invite, au bord de l’intime, à y déceler l’essentiel dans un effleurage sensible de l’instant.
Marqués par le sens du détail et de l’accessoire jamais dénué de poésie, ces diptyques nous offrent un décryptage pudique de ce qui fait le lit d’une vie, via le glissement imperceptible de la lumière sur un visage, l’éclat d’une couleur en rappelant une autre, le goût appuyé pour le ténu, l’obsolète, l’inventaire insinué des choses, des matières ou des corps…
Comme un scénario, ces images extrêmement construites nous présentent un regard croisé sur une composition semblable à la vie présente en tout. Le regard du photographe révèle dans l’apparente fadeur des choses ce qu’il y a de remarquable, rendant bavard ce qui se tait, heureux ce qui dénote. Il donne du caractère à ce qui nous semble être tombé en désuétude, du cachet à ce qui nous semble être resté dans l’oubli, évoquant discrètement la noblesse d’une époque et son charme révolu.
Dans un jeu constant d’oppositions entre diagonales, lignes de fuite et perspective, les diptyques suggèrent une dichotomie entre notre perception primaire – ce vivant foisonnant, hétéroclite, connu – et ce qui définitivement nous échappe, ce que nous ne pouvons saisir au-delà de la réalité de l’image.
Nous restons alors simple spectateur d’une humanité et de son pendant géographique, tous deux livrés en bloc, montrés sans fard. Nous nous glissons dans un fragment de vie interrogeant notre conscience face à ce qu’il reste d’énigmatique.
Les portraits à forte teneur identitaire font face au monde, et leur monde nous fait face comme s’il était une part de nous-mêmes, car tout nous semble familier sans que rien ne soit relégué. Alors, délivrés de tout jugement arbitraire dans ce doux rapport à l’altérité, nous nous prenons juste à aimer ces illustres inconnus, des hommes, des femmes, nos pairs, nos semblables, tous ces témoins silencieux de notre contemporanéité.
Nos yeux balayeront sans doute à nouveau les images d’un même diptyque parmi tous les autres, tout en cherchant le fil d’Ariane qui, peut-être, n’est autre que la fuite du temps ou bien la mémoire de ce temps qui est le nôtre. Piqués, fascinés, nous reprendrons le cours de nos repérages, tout en y rassemblant, qui sait, nos propres souvenirs : pêle-mêle, un visage, une expression, une posture, un habit, un décor, une lumière. Nous scruterons là encore tous ces objets inscrits dans un assemblage de couleurs, de lignes et de formes qui, pouvant au premier abord sembler sans rapport, parviendront à créer, outre une mise en scène, une dramaturgie propre à nous seuls.
Peut-être alors aurons-nous trouvé le fil de ce qui nous anime et nous inspire, de ce qui nous traverse et nous légitime, ou pas…
Laurence Yalamow
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